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La vie meilleure, Etienne Kern

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  Je répète " Je n'ai pas peur, je n'ai pas peur , je n'ai pas peur ", mais je suis encore accrochée à la peur, par trois fois. A la place je dirai donc que "je suis sereine". Je fais du Emile Couet. J'appuie par le mot sur l'imagination, j'ouvre une porte, un asile, un espoir. C'est formidable, il suffirait d'y croire !  Jusqu'où le langage est-il performatif ? Quels territoires intimes et sociaux peut-il conquérir ? Comment le rendre tuteur ? Etienne Kern retrace le parcours, romancé, de la vie d'Émile Couet, l'invention de sa méthode : pourquoi, comment, jusqu'où ? La vie meilleure, une illusion ? Et le temps de le dire " la vie meilleure, la vie meilleure, la vie meilleure " ?  * " J'ignore pourquoi j`insiste sur ce mot, comptoir. Mais c'est l'image qui me vient, je ne vois plus que ça, cette longue barrière qui nous sépare, avec Émile penché là, ce geste lourd, les deux paumes à pl...

POESIE : Guillaume Dreidemie, Lettres.

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 Sur le fil du temps, trois lettres, trois rencontres, trois voix comme autant d’adresses décisives en lesquelles s’inscrit le poète. Lettre du peintre, Lettre de la mère, Lettre à Rome.   Il s’agit par la douceur d’une écriture, d’une belle justesse classique, d’engager des forces, de prendre courage, de sceller les gestes aux prières, les voix à la main, et d’y forger un chemin. Pour trouver repères, écouter, voir, sentir, arpenter l’espace et le temps, redevenir l’enfant qui dévale et appelle aux frontières.  Le poète se fait discret, porteur des fléchissements consignés, pour pouvoir franchir par-delà les seuils. La lettre à Rome est un appel, un élan, un envol. Celle a la mère un espoir.  Un beau texte ! * Guillaume Dreidemie est né en 1993. Il est poète, philosophe, chercheur rattaché à l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon et membre fondateur de la revue de poésie l’Echarde. Guillaume Dreidemie, Lettres, La rumeur libre, 2025.

Uvaspina, Monica Acito

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Pour qu'un roman nous tienne en haleine, il faut une langue, une langue qui n'a pas peur, qui épouse son sujet, qui lui donne corps, qui nous transporte, exactement là où les personnages sont, comme si nous y étions nous-mêmes, depuis des lustres, éveillés, avides, assoiffés. Uvaspina, le premier roman de Monica Acito, est une réussite en ce sens, une sorte de grand huit sous citron acide, reflets turquoise, soleil brûlant, rap italien à fond. Tout poisse le bord de mer lumineux et tragique, grande étendue limpide qui lave, depuis l'ouverture magistrale par la (fausse) mort de la mère, bonne femme fantasque désespérée et comédienne hors pair, jusqu'aux frasques de Minuccia, gamine insupportable, toupie colérique foudroyante, que le regard d'Uvaspina, garçon sensible, porte affectueusement du bout des bras. Des bras spaghettis, qui s'adaptent, s'étirent, s'allongent sans cesse pour tenter de pallier, d'entourer, à défaut d'étrangler... Des bras qu...

Olivia Rosenthal, Une femme sur le fil

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Pour raconter l'irracontable, il faut être un peu funambule, ce qu'Olivia Rosenthal est. De livres en livres, elle construit un univers singulier, polymorphe, en forte prise avec le réel qu'elle interroge sans relâche. Dans UN SINGE À MA FENÊTRE , elle se rendait au Japon pour enquêter sur les attentats au gaz sarin qui ont eu lieu en 1995. Elle en rapporta " Des scolopendres. Des veuves noires. Des oublis. Des murmures. Des non-dits ". La narratrice tentait alors de lire dans les signes, l'écriture devenant la seule façon honnête, humble, de pouvoir fouiller le réel, la seule façon d'interroger et de dire ceux qui avaient été pendant tant d'années privés de langage, comme si rien n'avait eu lieu. Comment faire face à un traumatisme sans les mots, comment s'en libérer ? UNE FEMME SUR LE FIL suit en quelque sorte le même tracé. Il s'agit de dire l'histoire de Zoé, petite fille acculée à l'indicible de la violence. Comment l'éc...

Ventres, Carole Bijou (poésie)

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Ça part du ventre, les papillons, le sexe, le corps rond de la mère -ou pas ; ça parle du couple, de sa complicité, de ses limites là où l'on se touche, fusionne, là où l'on s'arrête au bord de l'autre. C'est une réflexion sur le corps, les âges, le lien, l'héritage, ancrée dans les questions d'une époque et diachronique à la fois. C'est une plongée pour circonscrire des choix.  Il s'agit du premier texte, un texte vif, de vie et d'amour, un texte de la représentation des ventres donc, de l'homme face à la paternité, des chairs et de leurs devenirs à toutes.  La plume de Carole Bijou née en 1986 à Rochefort, fouille droit. Une femme y cherche ce que veut dire enfanter, elle en repense les rôles et places attenantes à cet impératif sociétal.  " Je n'espère pas  faire un enfant pour mes vieux jours  les enfants sont libres ils ne nous doivent rien " *  et dans un autre monde  où serions-nous ? dans cet autre monde  où ...

L'imprudent, Pierre ALFERI

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Pierre Alferi, à Paris, en 2007. @ANNE-LISE BROYER. Qu’est-ce qu’un personnage ? Peut-il tenir une histoire et comment ? Récit expérimental, expérience-limite, L’Imprudent est beckettien. Incongru, tragique, jubilatoire, candide, baladé d’une tonalité à l’autre, la figure malmenée de Tram construit le récit. Et ça tient, comme un squelette qui se dresserait, comme un corps qui s’élèverait, qui dirait les limites, là où ça s’ouvre, où ça palpite et où ça pince. L’imprudent « n'a pas de visage. Ses traits sont indistincts tellement il est jeune. On voit à la rigueur des yeux, un incarnat, émouvants et changeants, comme à travers du verre mouillé ». Il s'appelle Tram mais devient parfois Trom sous l’effet d’un tropisme, paysage distordu. Il a une compagne, Mart. Il est un "personnage puisqu'il affirme par défaut, en tout cas par inadvertance, en dépit d'incroyables mutations, performances, transplantation dans l’espace et le temps, ce qu'il faut bien appeler son c...

Les éléments, Marie de Quatrebarbes

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  Pour attaquer l'année, il faut un bon livre, un livre qui nous accroche aux pages et aux mots, un livre qui dit vrai, qui dit sur le fil entre les rives au passage d'un torrent, l'humanité peut-être, un livre qui sait prendre par la main, jusqu'à demain, au moins ... Un livre qui forme un tout, une somme, que tout fragment réduit.  [  Composé en quatre parties, plus une « digression », le livre suit le découpage suivant : le premier texte part de la perception d’un enfant d’un pétale de tulipe, pour aller à la rencontre d’un monde équivoque, entre création et destruction. Puis, une micro-biographie de Georges Méliès revient sur l’invention des « actualités reconstituées », par un magicien de l’image comme une poétique possible du présent. Ensuite, une séquence « marine » arpente l’univers d’une plage, à travers les phases intermédiaires entre la terre et l’eau. La quatrième se penche sur des formes de vies ambivalentes, sensibles et in...

Si peu, Marco Lodoli

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«Et moi j’ai toujours été au même endroit, immobile, racine piquée dans une dévotion». A quoi tient la grandeur d’un amour ? A quoi tient l’intensité d’un roman ?  Si peu  paru lors de la rentrée littéraire ramène à nos consciences ces deux questions, liant ainsi un sujet millénaire à la singularité d’une forme. Écrit à la première personne, le texte a des allures de confession. L’héroïne est une anti-héroïne, non au sens moral du terme mais en la constance qu’elle porte à se maintenir dans le minimum, l’infime, le peu. C’est l’histoire d’un amour qui n’est pas vécu, physiquement vécu, car jamais déclaré et qui demeure en cela en creux, figé dans le plein, se mouvant indéfiniment dans l’imagination de celle qui si intensément l’habite. C’est ainsi que gardienne d’école bornée dans sa fonction, la narratrice de cet étonnant roman rencontre un jeune enseignant de Lettres récemment nommé, qu’elle va aimer, d’un amour sans heurts ni sursauts. L’espace et le temp...

Quand je ne dis rien je pense encore, Camille Readman Prud’homme

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Quand je ne dis rien je pense encore  est le premier recueil de Camille Readman Prud'homme, autrice Montréalaise, qui décrypte les dessous d’un théâtre social du moi, ce qui en infra assaille. La voix se fait proche, intérieure, murmurée à l’oreille et au cœur. On pense à la sous-conversation de Sarraute, à ce qui passé sous silence se retrouve en l’envers démesurément grand. C’est là que la pensée résonne, emplit l’espace, cogne ou se meurt entre le dedans   et le dehors : « quelquefois tu manques de mots / ou plutôt d'espace pour dire les mots qui auraient pu être / une parole reste une pensée » . Dans cet espace, la pensée contenue s’infiltre en tous domaines, comme une contamination galopante et poreuse sous la peau :  « Tu vois dans les contours des enfermements. Ta peau te clôture ».  C’est l’écriture qui enregistre alors les tremblements, contient le trop-plein, fait affleurer les contradictions criantes. On a posé les masques, on se frôl...

Insuline & Magnolia, Stanislas Roquette

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« Tu sais, nous, nous bringuebalons sans cesse avec le jour, de cahin pour caha, toujours peur de la suite, entre novembre et dimanche soir, lorgnant le bout par la vie brève, le cœur à l’estocade et la grâce en attente… » 15 ANS. Stanislas est atteint d’un diabète insulino-dépendant. Tout s’écroule. Il faut réapprendre chaque geste, vivre autrement, prêter attention, constamment. Faire face, la mort aux trousses, l’estomac noué, accepter l’aigre vie contenue dans les mesures. Au lycée, il rencontre une étrange jeune fille, insouciante et intrépide. Fleur vit dans les marges, à contre-courant. Son langage est poésie, sa soif des mots, comme celle de vivre, avide, viscérale. Ensemble, ils arpentent de nouveaux chemins, hors des balises familiales, hors des codes de leurs pairs, hors des peurs. Ils passent outre les épreuves, êtres dangereusement filaires accrochés l’un à l’autre. De l’amitié ? ou de l’amour, peut-être. Insuline & Magnolia est un texte sur l’adolesce...

Ça va bien dans la pluie glacée, Dominique Fourcade

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Texte hybride, Ça va bien dans la pluie glacée est un ovni poétique qui, las de regarder de loin, saisit le monde à bras nus. Enfin, il l’embrasse comme il peut, car la tâche est ardue et l’effroi glacial. Où se situer? Pourquoi et comment dire ce qui chaque jour heurte? Que faire de ces informations que nous engloutissons sans y être, sans avoir pour les digérer le recul, le savoir, nécessaires? Que faire de ces impuissances qui nous hissent au rang des « meurtriers »? C’est ce à quoi Dominique Fourcade s'attelle en 2023 quand il présente son recueil, sorte d’écho au précédent livre Flirt avec elle qui s'interrogeait sur la guerre en Ukraine. La trame en est la suivante : « en un éclair début octobre je suis passé de l’interdit d’aimer (l’Ukraine) à l’interdit d’aimer (ce qui se déchaîne entre Israël et Palestine). mon écriture a dû s'y faire. quel que soit le mot à mot du déchirement, texte et contexte mais c’est le texte le contexte, il y a toujours des jours où mouri...

Le lointain dramaturge du proche, Michel Gravil

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Tout discours sur la poésie est vain, tout commentaire trahit, tronque, affadit. L'écriture est toujours une tentative, qui provient d'une certitude. On a été touché, attrapé par une voix, on y a trouvé en souterrains des images, un silence, des échos. Et en parler, ce n'est qu'entrebâiller une porte que l'on sait déjà ouverte à tous, parce que l'évidence est criante, dans cet infime espace, l'essentiel s'y joue : l'insaisissable frôlé, saisi. C'est là, entre chaque mot que la musique est grande, dans le lien suspensif mis à nu. Quelque chose de vrai y affleure, remonte et se fige. C'est une Cathédrale de Rodin.  La quiétude qui habite ce recueil écrit par Michel Gravil et auquel fait écho la peinture de Francois de Asiz rencontré par l'intermédiaire d'Yves Bonnefoy, n'est pas exempt d'une certaine religiosité. Une religiosité profane, celle de la contemplation du monde, de son aria, plaintif et lumineux. Nul angélisme pourtan...

Géographie de steppes et de lisières, Anna Milani

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La question des limites avait été dépassée depuis longtemps. Les lieux n'étaient plus circonscrits, situables sur des cartes, immobiles. Ils se déplaçaient avec le voyageur". Anna Milani est née en Italie. Elle vit désormais à Montpellier où elle travaille comme formatrice. Elle y anime des ateliers autour de la lecture, l'écriture, les langues. Elle écrit de la prose poétique en français, et en italien. Dans Géographies de steppes et de lisières, son second texte publié aux éditions José Corti, il est question de la porosité des lieux, de la façon dont l'imaginaire les réécrit, des déplacements qui s'opèrent entre les espaces immenses du dehors et ceux confinés au dedans.  Là où s'attache le poème, une voix enregistre sismiquement le monde, son infinie fragilité, ses tremblements, sa beauté. L'écriture est frontières, seuils, passages et interrogent les lieux comme co-construction possible, interrogations de vastes échos et de tremplins.  « Aujourd'hui...

Il ne faut rien dire, Marielle Hubert

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Les mots de la mère seront scellés dans la tombe "Il ne faut rien dire". Ce sont les seuls qu’elle n’aura jamais prononcés, cette femme demeurée enfant dans un corps d’adulte et qui au seuil de la mort refuse toute réalité. Comment vivre quand on a 5 ans toute la vie, comment grandir avec une mère de 5 ans ? Après Ceux du noir en 2022, c’est au seuil de la mort que Marielle Hubert écrit l’enfance, l’impossibilité d’en découdre : « il faut qu'elle meurt », qu’elle lâche enfin ce « noir qui gagne sa puissance » . Il ne faut pas l’encourager « à combattre encore le trou, elle n’a jamais rien fait d’autre  ». Le récit se fait en l’attente, il se tisse avec l'attente, par cette solidité sensible et admirable, dénuée de pathos. Là on fouille, dans nos passés aussi, on questionne les fils tirés sur des générations, là où le dire se peut et là où l'écriture tient. Comme s'il fallait réattribuer à chacun son rôle, qu'il en assume la responsabilité, quitte à r...

La cité dolente, Laure Gauthier

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Crédit photo " Un livre pour ", 2023.  « J’irai m’oublier dans un mouroir / Voir de / Combien de vivre / Sont capables / Ceux qu’on dit en retrait ». Poème narratif à l’écriture fragmentaire,  La cité dolente  évoque, en le faisant dialoguer avec  La divine comédie  de Dante, le récit d’un vieil homme qui décide de s’enfermer dans un hospice. « Avrei voluto urlare, e ero muto »/ « J’aurais voulu hurler et me trouvais muet » . En exergue, les mots de Pasolini ouvrent le texte. Le premier chant est une entrée dans la parole elliptique de l’observant,  dans l’impossibilité de marcher. Les yeux sont portés bas, sur un enfant, qui ne court pas ou plus, le cou entouré de pierres. Il est le cri muet au visage de l’hypocrisie, le tuteur maladroit qui enserre, la vision étriquée. De là, comme un fil tiré, vient le souffle poétique qui seul peut dire dans l’espace laissé vide, entre ce qui vit encore pleine...

La danseuse, Modiano

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  "Elle était assise au fond de la nef. Peu à peu, elle retrouvait son calme et la même sensation qu'au studio Wacker quand elle faisait ses exercices : la sensation de reprendre la maîtrise de son corps".  Les romans de Modiano sont toujours une déambulation, l'écriture d'une recherche dans le temps et l'espace que ses personnages arpentent depuis des années. Il y a une religiosité du souvenir, des parcours rituels, des sonorités.  Son dernier texte,  La danseuse,  ravive l’image d’une femme disparue qui le hante, donnant conjointement corps à l’absence et à la présence, permanences historiques à son œuvre. Chaque mot est une avancée et paradoxalement chaque pas, une dérobade. Pour savoir, il faudrait inlassablement s’approcher, déjouer les pièges de l’amnésie partielle, marcher toujours plus près, écrire et danser contre. Ce qu’il fait. Le travail de la forme, l’agencement des mots comme ceux des gestes de la danseuse sont une construction de sens. Jamais l’...

Le plâtrier siffleur, Christian Bobin

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Crédit photo " Un livre pour ", 2023.    « Dans cette lutte incessante que constitue le monde dit moderne, les contemplatifs sont les guerriers les plus résistants. Ce sont eux peut-être qui pourront nous tirer d'affaire»  Il ne vous faudra que 10 minutes pour lire ce très court texte poétique de Christian Bobin, mais ses mots vous habiteront longtemps… Il est de ces personnes qui savent dire l’essence même des choses. Bobin a les yeux grands ouverts sur le monde, il en prend la mesure seconde par seconde quand nous tous avons oublié ; à l’affût de la moindre secousse ou du battement d’aile infime d’un papillon voyageur…  Lire Le plâtrier siffleur, c’est ralentir le temps ; s’ouvrir à ce qui nous entoure ; en un sens, revenir à la vraie vie. « J’essaye de recueillir des choses très pauvres, apparemment inutiles, et de les porter dans le langage. Parce que je crois qu'on souffre d'un langage qui est de plus en plus réduit, de plus en plus fonctionnel. Nous avon...

Cy Twombly, Roland Barthes

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  "C' est en somme une écriture dont il ne resterait que le penchement, la cursivité, dans le graphisme antique, la cursive est née du besoin (économique) d'écrire vite : lever la plume coûte cher. Ici, c'est tout le contraire : cela tombe, cela pleut finement, cela se couche comme des herbes, cela rature par désœuvrement, comme s'il s'agissait de rendre visible le temps, le tremblement du temps",  Roland Barthes, Cy Twombly, 2016. 1.Cy Twombly, School of Athens, huile, peinture industrielle, crayon de couleur et mine de plomb sur toile, 190,3 x 200,5 cm, 1961. 2. Cy Twombly, Huile, craie grasse et crayon sur toile, 205 x 209 cm, 1964.

L’urgence et la patience, J.P Toussaint

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  Récit d’un rapport à la création, au souffle qu’est le texte qui peu à peu devient, Jean-Phillippe Toussaint revient sur son premier contact à l’écriture et analyse le rapport qu’il a à la fiction. Dans ces zones infra-textuelles, nous plongeons avec lui, dans et hors du monde, là où affleure et se construit l’objet littéraire à part entière.   « La scansion qui s'installe alors, les mots qui s'emballent, qui foncent, se précipitent sur les traces du pur-sang, le rythme heurté, saccadé, de la phrase, calqué sur le galop du cheval, ont quelque chose à voir avec le souffle qui manque, on est l'auteur, le lecteur, les poursuivants, la phrase littéralement, à bout de souffle.   A côté de ces scènes qui s'écrivent dans l'urgence, il y a les moments où l'on n’avance plus, où le vent est tombé, où l’on est irréparablement encalminé. C'est là qu’il faut être persévérant, s'accrocher, serrer les dents, continuer à ne pas y arriver, car l'urgence progresse...