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Cy Twombly, Roland Barthes

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  "C' est en somme une écriture dont il ne resterait que le penchement, la cursivité, dans le graphisme antique, la cursive est née du besoin (économique) d'écrire vite : lever la plume coûte cher. Ici, c'est tout le contraire : cela tombe, cela pleut finement, cela se couche comme des herbes, cela rature par désœuvrement, comme s'il s'agissait de rendre visible le temps, le tremblement du temps",  Roland Barthes, Cy Twombly, 2016. 1.Cy Twombly, School of Athens, huile, peinture industrielle, crayon de couleur et mine de plomb sur toile, 190,3 x 200,5 cm, 1961. 2. Cy Twombly, Huile, craie grasse et crayon sur toile, 205 x 209 cm, 1964.

L’urgence et la patience, J.P Toussaint

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  Récit d’un rapport à la création, au souffle qu’est le texte qui peu à peu devient, Jean-Phillippe Toussaint revient sur son premier contact à l’écriture et analyse le rapport qu’il a à la fiction. Dans ces zones infra-textuelles, nous plongeons avec lui, dans et hors du monde, là où affleure et se construit l’objet littéraire à part entière.   « La scansion qui s'installe alors, les mots qui s'emballent, qui foncent, se précipitent sur les traces du pur-sang, le rythme heurté, saccadé, de la phrase, calqué sur le galop du cheval, ont quelque chose à voir avec le souffle qui manque, on est l'auteur, le lecteur, les poursuivants, la phrase littéralement, à bout de souffle.   A côté de ces scènes qui s'écrivent dans l'urgence, il y a les moments où l'on n’avance plus, où le vent est tombé, où l’on est irréparablement encalminé. C'est là qu’il faut être persévérant, s'accrocher, serrer les dents, continuer à ne pas y arriver, car l'urgence progresse...

L'espace littéraire, Maurice Blanchot

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  « Ecrire, c’est se faire l’écho de ce qui ne peut cesser de parler, - et, à cause de cela, pour en devenir l’écho, je dois d’une certaine manière lui imposer silence. J’apporte à cette parole incessante la décision, l’autorité de mon silence propre. Je rends sensible, par ma médiation silencieuse, l’affirmation ininterrompue, le murmure géant sur lequel le langage en s’ouvrant devient image, devient imaginaire, profondeur parlante, indistincte plénitude qui est vide. Ce silence a sa source dans l’effacement auquel celui qui écrit est invité. Ou bien, il est la ressource de sa maîtrise, ce droit d’intervenir que garde la main qui n’écrit pas, la part de lui-même qui peut toujours dire non et, quand il faut, en appelle au temps, restaure l’avenir. Lorsque, dans une œuvre, nous en admirons le ton, sensibles au ton comme à ce qu’elle a de plus authentique, que désignons-nous par-là ? Non pas le style, ni l’intérêt et la qualité du langage, mais précisément ce silence, cette force v...

Nom, Constance Debré

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Crédit photo " Un livre pour ", 2023.  C'est un cri extrême, parce que diablement vrai, un appel au vide, une déprogrammation du nom, de l'enfance, une tentative d'effacement par les mots, par leur force à l'appui desquels on subsiste. Paradoxalement , il y a une forme de tendresse dans ce livre, dans la recherche de la neutralité d'un lieu où se tenir hors de...  À lire. 

La nuit de Neauphle où naître, Louis Adran

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Par la nuit de Neauphle il y eut, pour nous seuls  éreintés une sorte de jardin, fragile, un bosquet où faire danse et dire, lentement sans paroles, la folie noire de naître, entourée de lueurs. *** Le nuit de Neauphle où naître s'ouvre sur le silence, l'inquiétante étrangeté que porte chaque pas vers l'arrivée de l'enfant. C'est un texte à entendre, un texte bruissant dans le parfum des bois et de ses craquements, dans lequel l'agencement des mots procède de l'espace, de l'avancement du temps vers le cri, initial, vers les mains qui accueillent. La nuit, le jour qui doucement se lève, l'aura de la présence spectrale des femmes qui entoure l'enfant de leurs gestes est un fil, un passage à prendre à la dérobée. D'une main précieuse l'une et l'autre avaient posé quelque chose immédiatement, sur la table grenat avant d'avoir à y noter le compte, le poids des membres la taille des extrémités, avant la naissance du jour et le geste...

Dire, Emmanuel Chaussade

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Crédit photo " Un livre pour ", 2023.  "Dire" est le récit d'une introspection détachée de tout sentimentalisme, une écriture qui vise sans complaisance les maux qui rongent pour parvenir à s'en défaire coûte que coûte. Par la mise à distance que permet l'écriture et par la confrontation de deux voix qui s'entremêlent, celle de l'auteur et de sa psychanalyste décédée durant les attentats de Charlie Hebdo, Emmanuel Chaussade parvient à montrer comment l'on reprend possession de sa vie après avoir vécu divers épisodes traumatiques.  C'est un exercice réussi dans le portait en action d'une sensibilité acerbe que le langage structure. Un livre courageux et touchant !  Dire, Emmanuel Chaussade, Mercure de France, Mai 2022.

Histoire de la violence, Edouard Louis

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Histoire de la violence est avant tout une façon de dire, de s'attaquer à l'événement de biais, comme une coupe en diagonale qui trame tout sur son passage. La réalité est construction et dé-construction, noeud, imbrication des espaces et des temps, des perceptions, des langages qui tissent le vécu. Les voix des autres - des proches, de l'institution - racontent. Elles donnent forme, modèlent, sculptent l'événement. L'histoire, ou une histoire de la violence se joue dans ce corps à corps - des uns (victime et bourreau), des autres (extérieurs). Histoire de la violence, sans article, définissant ou indéfinissant celle-ci. Comment raconter les traumas, les accidents, la vie ? "J'ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m'a abordé dans la rue et j'ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m'a raconté l'histoire de son enfance et celle de l'ar...

L’avenir du roman en question : Nathalie Sarraute, L’ère du soupçon

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Crédit photo " Un livre pour ", 2023.  L'Ère du soupçon   est un essai de Nathalie Sarraute (1900- 1999) composé de quatre articles publiés par entre 1947 et 1956, année de sa parution aux éditions Gallimard. Ce recueil, contemporain des premiers écrits des « nouveaux romanciers » (Robbe-Grillet, Butor, Simon…) est généralement considéré comme le premier    manifeste du « nouveau roman » ( Pour un nouveau roman  d’Alain Robbe-Grillet ne paraîtra qu'en 1963). Cependant, au-delà de certaines idées propres au nouveau roman qu’il contient en germe, il constitue surtout un témoignage sur les débats littéraires en cours dans les années de l'après-guerre, ainsi que celui d’un auteur qui  réfléchit sur son activité créatrice. Ainsi, l’essai de Nathalie Sarraute reste encore aujourd’hui une œuvre cruciale pour quiconque s’intéresse aux problématiques du roman, à sa pertinence comme genre littéraire et à son évolution au fil du temps.   E...

Pierre Michon, Les deux Beune

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C'est dans le plaisir des mots et du frottement de ceux-ci que Michon opère, de ce contact synesthésique du langage aux choses, à la vie dans ses formes les plus brutes: les saisons, les grottes, le balancement d'une hanche, l'odeur du sous-bois, la blancheur d'une peau, le corps d'un renard mort que des enfants baladent; la chair, l'attente et les rivières. Là, le désir de l'homme, inassouvi, primitif, violent. Là, la poésie.   Pierre Michon, Les deux Beune, Verdier, Collection jaune, mars 2023.

Si par une nuit d'hiver un voyageur, Italo Calvino

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 " - Lire, dit-il, c'est cela toujours : une chose est là, une chose faite d'écriture, un objet solide, matériel, qu'on ne peut pas changer ; et à travers cette chose on entre en contact avec quelque chose d'autre, qui n'est pas présent, quelque chose qui fait partie du monde immatériel, invisible, parce qu'elle est seulement pensable, ou imaginable, ou parce qu'elle a été et n'existe plus, parce qu'elle est passée, disparue, inaccessible, perdue au royaume des morts... - Ou bien parce qu'elle n'existe pas encore, quelque chose qui fait l'objet d'un désir, d'une crainte, possible ou impossible (c'est Ludmilla qui parle) : lire, c'est aller à la rencontre".

Francis Bacon à l'oeuvre : Larry Tremblay, Tableau final de l’amour

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« Il ne fallait pas peindre la surface des choses, mais ce qu’elle cachait. Ne pas peindre l’espace, mais le temps. Ne pas peindre ton corps, mais sa mort. »,  Larry Tremblay, Tableau final de l’amour. C’est en s’inspirant librement de la vie de Francis Bacon que Larry Tremblay imagine la recherche artistique viscérale qui s’est emparée du peintre au moment où l’amant, qui lui a servi de modèle, s’est introduit par effraction dans son atelier en pleine nuit. Ecrit comme une longue lettre posthume de leurs errances tumultueuses adressée par Bacon à George Dyer, suicidé la veille de l'inauguration de la rétrospective consacrée au peintre en octobre 1971 au Grand Palais, ce texte lie intrinsèquement l’œuvre et la vie. Obsédée par le corps, par les non-dits et les paradoxes inconscients qu’il contient, l’œuvre de Bacon est montrée comme une œuvre incessante : l’infinie poursuite d’une forme au retournement d’un sujet. *** « FB - Je ne dessine pas. Je commence à faire toutes s...

Le poète (Yannis Ritsos)

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  "ll a beau plonger sa main dans les ténèbres, sa main ne noircit jamais. Sa main est imperméable à la nuit Quand il s'en ira (car tous s'en vont un jour), j'imagine qu'il restera un très doux sourire en ce bas monde, un sourire qui n’arrêtera pas de dire "oui" et encore "oui" à tous les espoirs séculaires et démentis".  Tard, bien tard dans la nuit, Yannis Ritsos, 2014.

La chaleur, Victor Jestin

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Victor Jestin a 25 ans quand il écrit La chaleur, son premier roman. Bluffant de maturité, le texte se lit d'une traite, happé par cette atmosphère écrasante et la tension psychologique qui s'abat sur le camping des Landes, où Léonard, 17 ans, passe les vacances avec ses parents. Huis clos transpirant, d'où exalent les corps adolescents tendus, le camping devient le microcosme factice des premières fois, un lieu de fête grotesque. Alors qu'il se tient à l'écart des groupes auxquels il parvient difficilement à s'intégrer, un soir, Léonard assiste à la mort d'Oscar qui s'étrangle sur une balançoire. Le jeune homme ne fait rien. Il erre et enterre le corps sous le sable au bord de la mer. Désormais, lui seul sait. Il voudrait en parler, il devrait le faire mais n'y parvient pas. Débute alors une longue errance au milieu de cette foule brûlée de soleil, venue se gargariser d'insouciance et d'odeur de frites sordide. Peu à peu, la tension monte et...

[BD] Nettoyage à sec, Joris Mertens

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De grandes planches aux couleurs contrastées, une vision d'ensemble en plongée où la vue se brouille sur un Paris délavé par la pluie. Le premier contact avec  Nettoyage à sec  est visuel.    La ville englobe les personnages dans une routine poisseuse qui leur colle à la peau comme cette pluie, diluvienne. Voilà ce qu'on peut aimer, d'emblée, la création d'un univers singulier, et de lieux qui font corps avec les êtres, à moins que ce ne soit l'inverse... Il y a une forme de déterminisme ici, jusque dans la représentation des paysages. Une volonté totalisante de représenter Paris et d'enfermer le personnage en son cercle. François : Livreur pour la blanchisserie Bianca, sa vie n'est rythmée que par les trajets qu'il effectue. Son seul bonheur semble tenir à la rencontre quotidienne de Maryvonne qui tient le kiosque à journaux et qui lui vend chaque jour un billet de lotto. Billet qui porte en lui les promesses d'une vie meilleure :  quand...

Le rabaissement, Philip Roth

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Crédit photo " Un livre pour ", 2023.  " Et Axler se disait : j'ai fait un mauvais calcul. Je n'ai pas bien réfléchi. Il n'était plus le dieu Pan. Loin de là".  LE RABAISSEMENT est texte limpide, précis comme une nouvelle, qui dit la déchéance de l'homme qui vieillit, qui lutte contre le temps et contre l'inexorable perte de l'éblouissement qui jadis l'auréolait...  Le talent de Philip Roth consiste, comme souvent, à être au plus près de l'homme, de ses démons, de ces moments charnières de l'existence contre lesquels on ne peut lutter, et qu'il décrit sans jugement et sans l'influence d'un Deus ex machina qui pourrait le sauver.  Tout est si tristement drôle et juste dans la mise en scène de ce maître de l'illusion qu'est Axler, personnage principal, célébrissime acteur autrefois adulé mais qui ne parvient plus à jouer... Sortant tout juste de l'hôpital psychiatrique où il était censé se "reprendre ...

Un jour ce sera vide, Hugo Lindenberg

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Un jour ce sera vide  est un sublime roman sur la construction de soi. Hugo Lindenberg explore l’enfance, ses éblouissements, ses vicissitudes, ce qu’elle laisse en nous de schémas de pensées, de peurs incontrôlables, des regards que l’on porte sur soi et les autres. Ce roman est aussi une histoire d’amitié. Deux jeunes garçons se rencontrent sur une plage de Normandie, durant l’été. C’est le coup de foudre. Cet Autre, Baptiste, c’est le plein, le tout, l’aveuglant soleil de midi, l’exact contraire du narrateur, son négatif sublime. Comment conserver l’amitié spontanée et authentique une fois qu’on entre dans l’intimité de l’autre, cette intimité qui dit tout de ce que l’on est, d’où l’on vient, qui révèle les failles que nous voudrions cacher ? Comment grandir quand on porte le poids d’une famille trop lourd à porter ? Hugo Lindenberg, avec une plume sensible et juste, raconte ces moments décisifs de la vie, entre ombres et lumière. "La vérité c’est que j’absorbais tout ce que je...

Novecento Pianiste, Alessandro Baricco

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"Imagine, maintenant : un piano. Les touches ont un début. Et les touches ont une fin. Toi, tu sais qu'il y en a quatre-vingt-huit, là-dessus personne peut te rouler. Elles sont pas infinies, elles. Mais toi, tu es infini, et sur ces touches, la musique que tu peux jouer elle est infinie. Elles, elles sont quatre-vingt-huit. Toi, tu es infini. Voilà ce qui me plaît. Ca, c'est quelque chose qu'on peut vivre." Image du film de Giuseppe Tornatore (2000) "Il savait écouter. Et il savait lire. Pas les livres, ça tout le monde peut, lui, ce qu'il savait lire, c'était les gens. Les signes que les gens emportent avec eux : les endroits, les bruits, les odeurs, leur terre, leur histoire...écrite sur eux du début à la fin. Et lui, il la lisait avec un soin infini. il cataloguait, il répertoriait, il classait...Chaque jour, il ajoutait un petit quelque chose à cette carte immense qui se dessinait peu à peu dans sa tête, une immense carte, la carte du mond...

Ada, Barbara Baldi : paysages intérieurs et récit d'une délivrance dans le Vienne d’Egon Schiele

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Début du XXè siècle, quelque part en Europe centrale. La jeune Ada vit seule avec son père, un bûcheron aussi rustre qu'autoritaire. Le talent et la curiosité de la fillette pour la peinture ne font qu'attiser la colère et le mépris du père. Consciente que l'affrontement n'est pas une option, Ada fait mine de se soumettre à l'autorité paternelle, pour mieux, secrètement, s'adonner à sa passion. Pour autant, l'orage se prépare au loin et il sera difficile d'y échapper (résumé de l'éditeur). On pourrait presque se passer des mots tant l'émotion contenue dans le dessin est perceptible, sensible. L'atmosphère crée par Barbara Baldi dans ce roman graphique nous plonge immédiatement dans les conflits intérieurs de cette jeune femme artiste, solitaire, dans la difficulté de sa vie quotidienne et nous entraîne pas à pas vers son émancipation, sa libération. Magnifique !  

Marcher la vie, un art tranquille du bonheur, David Le Breton

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La manière dont nous nous déplaçons en dit long sur une certaine évolution de la société. L’apport des nouvelles technologies nous permet d’aller toujours plus vite. Face à cette envie de gagner du temps pour tout se tient la pratique ancestrale de la marche. Dans les années 50, nous marchions en moyenne 7 km par jour. Aujourd'hui, la distance parcourue à pied s'est réduite à 300 mètres en moyenne. Un jour, nous ne marcherons peut-être plus que sur un tapis dans une salle de sport en regardant le JT, ou suffira-t-il de « programmer un univers virtuel donnant le sentiment de marcher en toute sécurité au coeur de la forêt vierge débarrassée des serpents réels, mais non du frisson de les imaginer - ou encore dans le désert sans craindre la soif car, en suspendant le dispositif, on pourra avaler un verre d’eau dans la cuisine ». Loin des scénarios alarmistes dignes des meilleurs récits de science-fiction, David Le Breton, anthropologue et sociologue, professeur à ...

La fiancée des corbeaux, René Frégni

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Comme souvent dans ses plus beaux romans, René Frégni excelle dans l'art d'allier la douceur à la rugosité du monde. Cette imbrication, probablement nourrie par sa vie dans les quartiers difficiles de Marseille et les grands espaces proches de Manosque qu'il a longuement arpentés, sonne juste, est tout en nuances. René Frégni est un homme qui observe et qui sait être attentif à ce qui palpite, dans la nature comme au plus profond du cœur sombre des hommes. Il a d'abord travaillé en hôpital psychiatrique et a longtemps animé des ateliers d'écriture en prison. Il a aussi parcouru la région provençale qu'il décrit avec acuité: sa douceur, ses couleurs franches et joyeuses, sa dureté aussi. La fiancée des corbeaux entretient une sorte de bulle lumineuse, un philtre solaire qui permet de voir le plus terrible de façon réaliste mais détachée, dans une forme d'apaisement. C'est une vision intéressante que l'apprentissage de cette mise à distance qu...

Rien n'est noir, Claire Berest

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Ce livre n'est pas une énième biographie ! En s'attaquant à une figure quasi-mythologique avec tout le tragique, la fougue et la passion lui sont dévolus, Claire Berest dresse dans une langue exaltée un portrait vif et intense qui permet d'entrer dans la vie fascinante de Frida Khalo. Personnage haut en couleur, femme incroyablement entière, force de vie luttant douloureusement contre la maladie d'un corps qui ne répond plus, rien n'échappe au récit et à l'analyse psychologique de cette personnalité.  Un texte poignant où se mêlent les pulsions d'amour, de vie, de mort, la création que Diego Rivera, son grand amour, sorte de double sublime et maléfique, ne cessera de raviver. Les tableaux de Frida disent ce que son corps lui refuse, ce qui echappe à son entendement, cet enfermement fou dans une destinée qu'elle tente coûte que coûte de déchiffrer en donnant sens à celle-ci par l'art.

Ça aussi, ça passera, Milena Busquets

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La mère vient de mourir. Paradoxalement, la vie, l'amitié, l'amour - sorte de vengeance joyeuse et délurée sur l'inacceptable disparition - sont les remparts du quotidien dont Blanca s'empare pour ne pas perdre pied. Comment habiter le monde après avoir perdu l'être qui nous est le plus cher ? Comment reprendre possession de sa vie et des lieux de son enfance quand ceux-ci sont tous habités de sa présence? Maison de famille à Cadaquès. C’est l’été, les longues journées sans fin durant lesquelles on flâne, le grand bleu du ciel et la ville animée. Les rires et les cris des enfants, les souvenirs accumulés des innocentes années. Les 2 ex-maris sont là aussi, fidèles à leur poste malgré tout, pour les coups durs de la vie. Et puis sont venus les amies, quelques garçons de passage qui rendent les nuits sans fin hantées par le deuil plus dérisoires, éloignant un peu plus chaque jour la folie d'une douleur insurmontable. Et enfin, les balades, les baignades, la vie en...

Avec toutes mes sympathies, Olivia de Lamberterie

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Ce roman est celui d'une famille, d'un deuil inconsolable, abrupt. De ceux qui provoquent la colère, l'incompréhension, l'impuissance face au terrible mal qui rongeait insidieusement le frère d'Olivia de Lamberterie, récemment suicidé. Dans L'autre qu'on adorait, Catherine Cusset avait déjà raconté la vie de son meilleur ami et de ces êtres qui, hors normes et extraordinairement géniaux, survolent notre univers sans pouvoir s'y accrocher. Comment prévoir, les comprendre, les aider ? Éviter le pire, est-ce possible ? Comme Catherine Cusset, Olivia de Lamberterie s'interroge... Elle raconte, fait revivre par les mots celui qui comptait plus que tout. Son frère, son alter-ego d'une sensibilité rare, lumineuse, solaire, que tous vénéraient et à qui elle se confiait : "Nous étions deux muets qui l'un en face de l'autre retrouvaient l'usage de la parole. Avec qui chuchoter aujourd’hui ?" Au sein de cette grande famill...

MALAMOUR, Rémi Giordano

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Malamour est un récit puissant qui aborde avec justesse la construction identitaire et sexuelle d’un adolescent. Un sujet fort et délicat que l’auteur traite avec brio ! Lors d’une fête de fin d’année organisée par un camarade du lycée, Oscar aurait été victime d’une agression. Le temps de tirer cette affaire au clair, ses parents décident de le mettre à l’écart et l’envoient chez sa tante. Celle-ci, veuve, est atteinte d’un cancer. Oscar l’aime beaucoup mais la connaît mal. Ce sera l’occasion de renouer un lien… Hors de ses repères habituels, le jeune homme se repasse en boucle le film des évènements sans parvenir à comprendre les sentiments contradictoires qui l’habitent. Oscar se sent décalé, hors norme, comme son corps qu’il parvient difficilement à accepter. Finalement, c’est ici qu’il se sent le mieux, à l’écart de tout, du lycée, de ses parents, de son monde. Personne ne le regarde, ne le juge. Pourtant, il se sent mal, il est paumé… Il passe des heures enfermé dans la cham...