Le rabaissement, Philip Roth.

Crédit photo "Un livre pour", 2023. 

"Et Axler se disait : j'ai fait un mauvais calcul. Je n'ai pas bien réfléchi. Il n'était plus le dieu Pan. Loin de là". 

LE RABAISSEMENT est texte limpide, précis comme une nouvelle, qui dit la déchéance de l'homme qui vieillit, qui lutte contre le temps et contre l'inexorable perte de l'éblouissement qui jadis l'auréolait... 

Le talent de Philip Roth consiste, comme souvent, à être au plus près de l'homme, de ses démons, de ces moments charnières de l'existence contre lesquels on ne peut lutter, et qu'il décrit sans jugement et sans l'influence d'un Deus ex machina qui pourrait le sauver. 

Tout est si tristement drôle et juste dans la mise en scène de ce maître de l'illusion qu'est Axler, personnage principal, célébrissime acteur autrefois adulé mais qui ne parvient plus à jouer... Sortant tout juste de l'hôpital psychiatrique où il était censé se "reprendre ", le vieil homme s'attache à deux très jeunes femmes qu'il pense, inconsciemment, pouvoir aider. Or, n'est-ce pas lui-même qu'il tente ainsi d'appréhender ? 

A la fois empathique et détaché à l'égard de son personnage, Roth tente ironiquement un dernier coup du sort (dont on sait que l'issue ne peut être que fatale) pour sauver cet homme. Toutes ses obsessions romanesques y passent, tous ses ressorts narratifs (le désir, ses limites, sa perte; les relations et la domination entre les sexes; la mort). 

"Il avait perdu sa magie", résume Roth dès la première ligne. Le "jeu" semble céder place au "Je"...

Philip Roth, Le rabaissement.

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