L’avenir du roman en question : Nathalie Sarraute, L’ère du soupçon.
L'Ère du soupçon est un essai de Nathalie Sarraute (1900- 1999) composé de quatre articles publiés par entre 1947 et 1956, année de sa parution aux éditions Gallimard.
Ce recueil, contemporain des
premiers écrits des « nouveaux romanciers » (Robbe-Grillet, Butor, Simon…) est généralement considéré comme le premier manifeste du « nouveau
roman » (Pour un nouveau roman d’Alain Robbe-Grillet ne
paraîtra qu'en 1963). Cependant, au-delà de certaines idées propres au nouveau
roman qu’il contient en germe, il constitue surtout un témoignage sur les
débats littéraires en cours dans les années de l'après-guerre, ainsi que celui
d’un auteur qui réfléchit
sur son activité créatrice. Ainsi, l’essai de Nathalie Sarraute reste encore
aujourd’hui une œuvre cruciale pour quiconque s’intéresse aux problématiques du
roman, à sa pertinence comme genre littéraire et à son évolution au fil du
temps.
Sur ce point, nous pouvons penser à Milan Kundera, autre auteur majeur et critique du roman au XXe siècle, pour qui la littérature doit être avant tout, plus qu’une affirmation, une mise en question. Dans cette perspective, les interrogations des nouveaux romanciers rejoignent celles, plus personnelles, de l’auteur : pouvons-nous, dans une période d’après-guerre, continuer à écrire toujours de la même manière?
Pour Sarraute, il est temps de se débarrasser de ces notions « périmées » que sont les artifices dont le roman s’est paré au fil du temps, et qui ne sont à ce jour plus que des « trompe l’œil » ! Aussi, pour démontrer la nécessité de cette entreprise de destruction, ou devrions-nous dire plutôt le bien fondé d’une reconstruction, Nathalie Sarraute décortique-t-elle les œuvres de ceux qui ont fait date et de ceux qui ont bien voulu s’essayer à l’exercice difficile du renouvellement des formes pour en faire un état des lieux à la fois critique et sensible.
Au fil
des pages, nous entendons bien ce que l’écrivain a essayé d’expérimenter elle-même dans son œuvre. Nous
comprenons aussi ce qui, à l’époque, n’avait pas été entendu des critiques
contemporains. Tropismes
est une mise en œuvre de ses principes; l’Ere du soupçon, le manuel, guide utile aux critiques qui ne savent plus lire qu’à
travers leurs lunettes empoussiérés.
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