Histoire de la violence, Edouard Louis.

Histoire de la violence est avant tout une façon de dire, de s'attaquer à l'événement de biais, comme une coupe en diagonale qui trame tout sur son passage. La réalité est construction et dé-construction, noeud, imbrication des espaces et des temps, des perceptions, des langages qui tissent le vécu.

Les voix des autres - des proches, de l'institution - racontent. Elles donnent forme, modèlent, sculptent l'événement. L'histoire, ou une histoire de la violence se joue dans ce corps à corps - des uns (victime et bourreau), des autres (extérieurs).

Histoire de la violence, sans article, définissant ou indéfinissant celle-ci. Comment raconter les traumas, les accidents, la vie ?



"J'ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m'a abordé dans la rue et j'ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m'a raconté l'histoire de son enfance et celle de l'arrivée en France de son père, qui avait fui l'Algérie. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu'il allait me tuer. Il m'a insulté, étranglé, violé.

Le lendemain, les démarches médicales et judiciaires ont commencé. Plus tard, je me suis confié à ma sœur. Je l'ai entendue raconter à sa manière ces événements.
En revenant sur mon enfance, mais aussi sur la vie de Reda et celle de son père, en réfléchissant à l'émigration, au racisme, à la misère, au désir ou aux effets du traumatisme, je voudrais à mon tour comprendre ce qui s'est passé cette nuit-là. Et par là, esquisser une histoire de la violence". E.L.


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