La fiancée des corbeaux, René Frégni

Comme souvent dans ses plus beaux romans, René Frégni excelle dans l'art d'allier la douceur à la rugosité du monde. Cette imbrication, probablement nourrie par sa vie dans les quartiers difficiles de Marseille et les grands espaces proches de Manosque qu'il a longuement arpentés, sonne juste, est tout en nuances.

René Frégni est un homme qui observe et qui sait être attentif à ce qui palpite, dans la nature comme au plus profond du cœur sombre des hommes. Il a d'abord travaillé en hôpital psychiatrique et a longtemps animé des ateliers d'écriture en prison. Il a aussi parcouru la région provençale qu'il décrit avec acuité: sa douceur, ses couleurs franches et joyeuses, sa dureté aussi.

La fiancée des corbeaux entretient une sorte de bulle lumineuse, un philtre solaire qui permet de voir le plus terrible de façon réaliste mais détachée, dans une forme d'apaisement. C'est une vision intéressante que l'apprentissage de cette mise à distance qu'il expérimente alors que ses filles viennent de quitter la maison paternelle. La forme du journal se prête à l'évocation du long défilement mélancolique des jours où l'on réinvente sa vie une fois les enfants partis, où chaque journée est l'occasion d'observer ce qui l'entoure, entre la rugosité de la grande ville effervescente et la nature sereine et réconfortante. 



Commentaires

Articles les plus consultés