Marcher la vie, un art tranquille du bonheur, David Le Breton.

La manière dont nous nous déplaçons en dit long sur une certaine évolution de la société. L’apport des nouvelles technologies nous permet d’aller toujours plus vite. Face à cette envie de gagner du temps pour tout se tient la pratique ancestrale de la marche. Dans les années 50, nous marchions en moyenne 7 km par jour. Aujourd'hui, la distance parcourue à pied s'est réduite à 300 mètres en moyenne. Un jour, nous ne marcherons peut-être plus que sur un tapis dans une salle de sport en regardant le JT, ou suffira-t-il de « programmer un univers virtuel donnant le sentiment de marcher en toute sécurité au coeur de la forêt vierge débarrassée des serpents réels, mais non du frisson de les imaginer - ou encore dans le désert sans craindre la soif car, en suspendant le dispositif, on pourra avaler un verre d’eau dans la cuisine ».


Loin des scénarios alarmistes dignes des meilleurs récits de science-fiction, David Le Breton, anthropologue et sociologue, professeur à l’université de Strasbourg, revient sur les origines de la marche et interroge la façon dont cette pratique a évolué au fil du temps et des diverses innovations. Il ne s’agit pas seulement de redonner à la marche ses lettres de noblesse ou de se faire le porte-parole des randonneurs, il s’agit surtout de repenser celle-ci comme le reflet des liens que l’homme entretient au corps, à la nature, et indirectement, à la pensée. Pour l’auteur, marcher, c’est aussi, loin du tracé rectiligne anticipé des GPS, s’égarer, regarder, trouver par soi-même un (son) chemin, lever les yeux de l’écran pour rencontrer l’inattendu. La marche favorise l’attention, la mémorisation par l’observation, c’est un temps de rêverie où l’esprit peut enfin se laisser aller, divaguer, se recentrer.

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