La nuit de Neauphle où naître, Louis Adran.


Par la nuit de Neauphle il y eut, pour nous seuls 
éreintés une sorte de jardin, fragile, un bosquet où faire danse et dire, lentement sans paroles, la folie noire de naître, entourée de lueurs.

***

Le nuit de Neauphle où naître s'ouvre sur le silence, l'inquiétante étrangeté que porte chaque pas vers l'arrivée de l'enfant. C'est un texte à entendre, un texte bruissant dans le parfum des bois et de ses craquements, dans lequel l'agencement des mots procède de l'espace, de l'avancement du temps vers le cri, initial, vers les mains qui accueillent.

La nuit, le jour qui doucement se lève, l'aura de la présence spectrale des femmes qui entoure l'enfant de leurs gestes est un fil, un passage à prendre à la dérobée.

D'une main précieuse l'une et l'autre avaient posé quelque chose immédiatement, sur la table grenat avant d'avoir à y noter le compte, le poids des membres la taille des extrémités, avant la naissance du jour et le geste de coiffer comme un taillis les cheveux, sans rien heurter.

Le mystère de la naissance est mystère d’écriture. Chaque mot porte un poids, celui de l'avancée vers Neauphle, celui du jour premier qui s’ouvre et qu’elle restitue sensoriellement.  
Neauphle l'éther badigeonné sur nos joues, Neauphle le camphre couleur prune que nous coulions enfants dans le bain, et sur les hauteurs la ligne craquelée de châteaux vides, Neauphle enfin l'épaisseur de la nuit fauve bordant comme un drap les ventres gonflés.




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