Le restaurant de l’amour retrouvé, Ito Ogawa. Roman culinaire


Ce livre est un voyage ; de ces voyages que l’on entreprend parfois à la suite d’une rupture… On part à la recherche de soi-même et de ce qui nous (re)constitue.

Rinco, une jeune femme de 25 ans, vient de se faire larguer et retourne dans son village natal. Là-bas vit sa mère dans l’indifférence la plus totale. La jeune femme, abattue, a perdu la voix. Elle se sent seule. Kuma, un ami d’enfance, vient la sortir de sa torpeur et l’encourage à poursuivre la seule chose qui l’anime : sa passion pour la cuisine.  Elle décide alors de réaliser son rêve en ouvrant un modeste restaurant, l’Escargot, où se pressent ceux qui, pour diverses raisons, plus ou moins cabossés, viennent reprendre goût à la vie. Pour eux, elle réalise ce qu’elle sait le mieux faire et s’adonne à la magie d’une cuisine savoureuse et hautement consolatrice…

Difficile de ne pas partager les senteurs, les goûts subtils et variés des ingrédients avec lesquelles elle semble faire corps. Vous ne verrez plus jamais les champignons de la même manière ni la nature, revisitée sous la plume d’Ogawa, comme un fantastique grenier à provisions. Tout se cuisine ici au moment où la nature l’offre, y compris le pire (j’ai quelques réserves à émettre quant à la fin du texte, bien qu’une certaine logique s’en dégage. Végétariens, s’abstenir !).

Quelques autres réserves, aussi, qui nuance la lecture que j'ai pu faire de ce livre : la traduction met à mal le texte. Toutefois, ce qui motive mon envie de vous parler de ce livre, c’est la façon très originale dont Ito Ogawa parvient à construire un paysage culinaire. La libraire qui me l’avait conseillé pendant le confinement du mois de Mars m’avait promis un moment de détente et d’évasion ; un roman léger… En effet, c'est loin d'être le roman de l'année mais c'est un réel voyage sensoriel au cœur de la cuisine japonaise qui s’ouvre à vous, une cuisine d’âme. D’une précision comparable à celle d’un livre de cuisine, le roman devient peu à peu manuel incantatoire des associations et des saveurs les plus inattendues. En ce sens, nous sommes ailleurs, dans un entre-deux gastronomique au milieu de nulle part dans la campagne japonaise où Rinco, devenue aphasique, retrouve par la générosité des goûts son milieu d’origine, sa mère, son passé, le plaisir de vivre et de partager.   

Le restaurant de l’amour retrouvé, Ito Ogawa, Picquier poche (2008).


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