La maladie de la mort, Marguerite Duras

Etranger à l’amour, à ses secousses, à sa folle étrangeté, à ce qu’il contient de démesuré, un homme décide de payer une femme pour passer quelques nuits avec lui. Là, dans la chambre close d’où nous parviennent au loin les échos infinis de la mer, il décide de faire l’expérience de l’amour. Il veut savoir, l’observer, le disséquer, le connaître. Il veut s’en approcher, le toucher, être touché.
 
Jusqu’ici, il n’avait rien ressenti. Jamais. Pas une fois. Absent de l’amour des femmes qui le laissait étranger à lui-même et à ces sentiments qui jaillissent et s’emparent de l’être au moment où il aime.
 
Dans cette chambre close, il regarde la femme offerte. Il attend. Il regarde cette femme nue devant lui, son visage sur lequel passe le plaisir. Elle lui parle, elle lui raconte le mal qui le ronge, la maladie de la mort, ce qu’elle ressent de si puissant quand lui ne fait qu’observer, impassible, ce qui est en train de se jouer. Il ne sait pas. Saura-t-il, après cela; après ces nuits passées là à la côtoyer?
 
La maladie de la mort est une maladie de l’amour terrible, incurable, sans remède. Aussi insondable que le fond de la mer qu’il voit noire alors qu’elle, elle entend son murmure clair…
 

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