Quelle n'est pas ma joie, Jens Christian Grøndahl.

Ellinor a soixante-dix ans. Elle vient de perdre son mari. Elle se décide enfin à écrire une longue lettre à celle qui fut jadis sa meilleure amie, Anna, décédée quelques années auparavant dans d'étranges circonstances...
Aussi bizarre que le point de départ de ce roman puisse paraître; avant de vivre avec Ellinor, Georg était le mari d'Anna et Ellinor vivait avec un autre homme: Henning.
Les deux couples étaient inséparables et coulaient des jours heureux dans une petite banlieue chic et tranquille de Copenhague. Ils y avaient connu le meilleur; le mariage de Georg et Anna, la naissance de leurs jumeaux... Ils s'étaient soutenus dans les pires moments de leurs vies, quand Ellinor et Henning s'étaient rendus compte qu'ils n'auraient jamais d'enfants...
Lors d'un weekend à la montagne, Henning et Anna partent skier. Et ils ne reviennent pas. L'attente interminable que subissent Georg et Anna se soldera par la mort des deux êtres chers et par révélation d'un inavouable secret: Henning et Anna s'aimaient.


Finalement, chez Grøndahl, le point de départ importe peu. Il y est souvent question d’abandons, de fuites" et de comment on s'accommode d'une vie au sein de laquelle ceux qui comptaient vraiment sont partis…
Quelle n’est pas ma joie est le récit d’une infidélité par-delà la mort… Comment vivre et vieillir quand ceux que nous aimions le plus sont partis sans avoir pu solder le mal qu'ils nous ont faits? Grøndahl excelle dans l'art de peindre la fragilité de la vie, la permanence des sentiments qui l'occupent. 
 
Sous des mots simples et justes comme l'est le quotidien reconstruit de ces hommes et de ces femmes qu'il (ré)anime, il nous guide vers une réflexion bien plus profonde qu'il n'y paraît. 
 
On a souvent l'impression qu'un miroir se tend vers le lecteur pour y questionner sa propre vie, dans la banalité des faits qui la composent. Et puis il y a cette douce mélancolie qui accompagne fréquemment ses histoires; une petite musique intimiste qui rapproche des personnages, comme si nous étions à côté d'eux, comme si nous étions leurs confidents. On pressent une proximité qui ouvre une nouvelle temporalité, plus lente, où réfléchir à sa propre vie autrement nous est permis. Sans aucun doute, de sa plume douce mais subtile, Grøndahl a du talent!


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Jens Christian Grøndahl est un écrivain danois de renommée internationale. Il a mené à terme une formation de réalisateur à l’École danoise du cinéma et a collaboré à un journal. Il a étudié la philosophie de 1977 à 1979 et a commencé à écrire en 1985 un roman très réaliste. Auteur d’une quinzaine de romans, il a également écrit divers essais, pièces de théâtre, et pièces pour la radio. Il a remporté de grands prix danois et compte de nombreux lecteurs à l’étranger, où ses livres paraissent dans une vingtaine de langues. En 1995, il reçoit une bourse du Fonds artistique danois, et en 1995 le prix Herman Bang. De 1995 à 1998, l'écrivain a été président adjoint du Pen Club danois. En 2007, il a reçu le prix Jean Monnet des LITTÉRATURES EUROPÉENNES DE COGNAC pour son roman "Piazza Bucarest".


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